Aujourd’hui, tu vas t’ouvrir à une nouvelle pratique. On te parle ici de découvrir et t’initier à quelque chose que tu n’as peut-être jamais imaginé faire, qui fait peur à certains, qui peut laisser penser qu’on en est incapable, ou qu’on pense inaccessible pour des milliers de raisons : rouler pour la première fois sur piste.

Pourquoi se mettre à la piste ?

Rouler sur circuit apporte des sensations incroyables. Au début cela paraît angoissant, mais on se rend vite compte qu’on est maître à bord et qu’on peut progresser à son propre rythme. On découvre rapidement après les premiers tours à quel point la sensation de prendre un beau virage, penché et sans risque de croiser une voiture est agréable. Jusqu’au moment où fatalement, ton déhanché naturel amènera le slider de ton genou à délicatement embrasser le bitume. Une sensation de bien-être total ❤️

Mais au-delà des sensations rouler sur circuit a aussi l’avantage d’apporter des enseignements :

  • on se rend compte à quel point le revêtement n’a rien à voir avec ce qu’on trouve sur la route. Propre, abrasif, contrôlé en permanence…. On saisit un peu mieux le risque à avoiner au 1er panneau “Virages sur 12 km”. 
  • Les trajectoires, la position de la tête et du regard prennent toute leur importance sur piste. Très utile sur route aussi !

Et enfin, sur piste il n’y a aucun obstacle. Personne en sens opposé, pas de téléphone. Aucune surprise. Alors oui il n’y a aucune limite de vitesse, mais ça, tu peux le contrôler !

“Sur piste, on apprend à connaître sa moto parce qu’on apprend à la sentir et on est amené à tester des choses. Tu peux prendre plus d’angle, tu peux aller plus loin, tu apprends l’usage du frein arrière, plein de tips qui t’aident à mieux appréhender un virage sur route par exemple. Au final, tu te rends compte que ta moto est capable de bien plus que ce que tu penses et que le facteur limitatif… C’est le pilote (sauf quand tu t’appelles Marquez bien sûr !)” – Laure BRAGHINI (Pilote sur piste)

circuit moto

Oulah c’est hyper dangereux le circuit !

Et non ! Rouler à moto c’est dangereux. Rouler sur circuit n’ajoute pas de danger, au contraire.

Il faut savoir que l’accès à un circuit est très encadré et sécurisé justement parce qu’on parle de loisir et de plaisir, pas de compétition internationale. On est tous là pour se faire plaisir et profiter de la puissance de nos machines (ne nous mentons pas), mais tout est organisé pour que les choses se passent bien pour tout le monde. Tu verras que l’organisation de la journée est optimisée pour ça.

Il faut savoir aussi que sur tout le long du circuit, des commissaires de piste sont là pour observer. En cas de pépin, ils interviennent instantanément et les circuits français ont l’obligation d’avoir sur place en permanence un médecin et une ambulance.

Ma moto n’est pas faite pour ça !

Sur circuit, on voit de tout ! 1200 GS, Triumph Thruxton, Roadsters, petites cylindrées, sportives… Bon, on t’avoue ne pas beaucoup voir de Goldwing ou de Harley. Mais en soi, toutes les motos peuvent aller sur circuit. Les organisateurs permettent aussi de louer une machine pour la journée (autour de 400€ la avec l’accès en piste). Le seul vrai impératif, c’est l’état de la machine, et ne pas dépasser un certain volume sonore.

Plus les tours vont passer, plus tu vas rouler vite et freiner fort. Donc assure-toi que freins et pneus soient en bon état avant de partir. Inutile d’imaginer ‘finir tes pneus’ sur circuit, ce n’est pas le meilleur endroit pour ça.

Vérifie aussi les fuites potentielles. Huile moteur, liquide de refroidissement, fourche. À chaque départ de session, les commissaires de piste jettent un œil aux machines pour s’assurer que rien ne coule. Ils y sont vigilants car du liquide dispersé sur le bitume entraîne une interruption du roulage le temps de nettoyer.

Côté sonorité, les circuits ont des limites sonores à ne pas dépasser. Renseigne-toi auprès du circuit qui t’intéresse. Généralement, il ne faut pas dépasser 95db.

Un minimum de préparation quand même ?

Plus tu vas pratiquer, plus tu vas vouloir préparer ta moto. En soi, tu peux tout remplacer pour être plus performant. Mais pour débuter, il n’y a rien d’obligatoire, et encore moins pour ta 1ère fois. Il vaut mieux avoir une moto peu puissante et ressentir les limites de son moteur.

Tu peux éventuellement retirer les rétroviseurs, le top-case, ou tous les accessoires inutiles qui pourraient coûter en cas de chute. Scotcher les phares n’est plus obligatoire, et mettre une chaussette sur le bocal de frein est réservé aux pilotes (il ne sert qu’à éviter au liquide de s’altérer à cause de la lumière).

En arrivant sur place, tu peux abaisser légèrement la pression de tes pneus. Les organisateurs pourront te conseiller sur la bonne pression.

L’équipement du pilote

circuit moto

Côté pilote, il n’est pas nécessaire de s’offrir tout le matériel pour s’initier. Les organisateurs louent tout ce qui est obligatoire et généralement les tarifs sont raisonnables.

L’équipement obligatoire pour la piste :

  • Casque intégral 
    Certains circuits demandent que la jugulaire soit équipée d’une attache en double D, renseigne-toi auprès de l’organisateur.
  • Gants longs
    On insiste sur le “Longs”, sinon ça ne passe pas. Et on te recommande chaudement que ces gants soient renforcés aux phalanges et sur la paume, avec un bon système de serrage.
  • Dorsale solide
    Les dorsales intégrées aux blousons ne sont pas assez longues pour être autorisées. Seules les dorsales rigides sont acceptées. Et elles sont vérifiées à chaque départ !
  • Bottes en cuir montantes
    Oublie tes Caterpillar, ça ne passera pas.
  • Combinaison intégrale, ou Pantalon + blouson relié par un zip.
    Le tout en cuir !

Le déroulé de la journée

On ne va pas rouler sur circuit comme on va chercher le pain (il n’y a malheureusement pas autant de circuits que de boulangeries). Une journée piste a un programme bien précis qui joue aussi beaucoup dans la sécurité. Et mine de rien c’est rassurant parce qu’on est toujours un peu stressé avant. Même à la 10ème journée.

  • La journée commence toujours par un briefing. Obligatoire pour pouvoir entrer sur la piste, les organisateurs y mettent les pendules à l’heure, expliquent les différents drapeaux, les particularités de la piste, les points de vigilance. Ils seront aussi très clairs sur le comportement des pilotes. Une mauvaise attitude sur piste et c’est l’exclusion. Tout le monde est là pour profiter, dans la plus pure tradition de la bienveillance motarde ! V
  • Au coup de sifflet, tout le monde ne se jette pas sur la piste ! Les participants sont répartis par groupes de niveaux pour éviter les grandes différences d’allures. Il y a généralement 3 à 4 groupes : Débutants, Moyens, Confirmés, Pilotes. Ça a aussi l’énorme avantage de permettre à chacun de s’espacer des autres comme il le veut. Une piste fait entre 2 et 4 km, donc ça laisse de la place. Tu peux donc légitimement penser que sur piste il y a vraiment des grands malades ! Bonne nouvelle, tu ne rouleras pas avec eux.
  • La journée est composée d’entre 6 et 10 “sessions” selon les organisateurs. Ces sessions vont donc s’alterner par groupe de niveau pour une durée de 20 minutes max. Au-delà, la concentration baisse et la fatigue agit sur la précision. Donc 20 minutes de moto, 40min à 1h de pause. De quoi partager ses émotions, faire le plein, manger un morceau, admirer sa moto !

Comment et où réserver sa journée ?

En France, il existe une 40aine de circuits répartis sur le territoire. 

En région Parisienne, le circuit Carole est le plus connu, mais à l’est de Paris, le circuit de la Ferté Gaucher est superbe et très sécurisant. Chaque circuit a ses petites particularités, mais dans tous les cas, tous sont accessibles aux débutants. Le plus proche de chez toi sera le mieux.

Les circuits ne louent pas directement aux particuliers. Ce sont des organisateurs spécialisés qui les louent à la journée et ouvrent la réservation au public pour ce qu’on appelle des “journées de roulage”, “sessions piste”, ou “moto days”.

Le site Calendrier piste est une mine d’or pour se trouver une journée proche de chez soi. Trouve d’abord ton circuit, la date qui te convient, et réserve sur le site de l’organisateur.

Côté tarif, selon les circuits, la journée tourne généralement entre 110 et 130€. Pour ce prix, tu auras un petit dej et l’accès à la piste. Rarement plus. À noter qu’un circuit international comme Le Mans va coûter beaucoup plus cher. Forcément, les infrastructures ne sont pas les mêmes ! 

Tu peux aussi opter pour une formule avec coaching de groupe autour de 250€. À ce prix, un coach emmène le groupe, explique les trajectoires, et va suivre tour à tour chaque coaché pour le filmer. Intéressant et rassurant. 

Tu peux aussi opter pour du coaching individuel encore un cran au-dessus en termes de tarif.

Autres conseils

Permis

Si tu n’as pas le permis, tu peux rouler sur piste, mais tu devras alors être licencié et détenteur du CASM.
Si tu as le permis A2, tu peux rouler. Ne l’oublie pas le jour J, tu devras le présenter pour obtenir ton bracelet d’accès.

Assurance

Une chose est certaine, dès qu’on passe le pas de la compétition, l’assurance doit être spécifique. Pour la pratique en loisir, c’est parfois un peu flou mais certaines assurances te couvrent. Appelle ton assurance pour demander confirmation. Si tu n’es pas pris en charge, les organisateurs permettent de s’assurer à la journée pour une 15aine d’euros.

Tu es en forme?

Quand on roule sur circuit, on se fixe des points de repères pour chaque virage : déclenchement du virage, point de code, point de sortie… Autant de choses qu’on apprend au fil des tours naturellement, mais qui nécessitent de la concentration. 
Mieux vaut arriver en forme le jour J. On ne peut que te recommander de saines activités et un coucher avec les poules. 

Trajet

Que tu sois à 30 min ou à 1h30 d’un circuit, dans tous les cas on te conseille de mettre ta moto sur remorque ou dans un camion. Tu vas revenir lessivé de ta journée. Le retour en moto c’est dur. Et en cas de chute, on est content de pouvoir rentrer quand même ! Essaie aussi de venir accompagné. Pour la même raison et parce que c’est plus sympa. Bien que le paddock soit un endroit très convivial où il est très facile de rencontrer du monde.

D’autres choses à prendre ?

Voici une petite check-list pour une première fois :

  • Tes clés de motos! Après avoir chargé sur remorque, c’est vite arrivé de poser ses clefs ailleurs.
  • Un bidon d’essence
  • Du gros scotch américain
  • Des vêtements de rechange
  • Barres céréalières, biscuits
  • Bouteille d’eau
  • S’il fait chaud, un collant et T-shirt techniques à manche longues. Pratique pour enlever la combinaison

Et toi qui a fait ta première journée, quelles ont été tes premières impressions ? Tu as d’autres conseils à donner aux futurs pistards ?