(et leurs réponses sans langue de bois)
Ils nous ont vus galérer sur le lent, poser trop de pieds au sol durant notre parcours, oublier nos contrôles, ou foncer tête baissée vers le cône qu’il ne fallait surtout pas toucher.
Les moniteurs sont nos anges gardiens du deux-roues, entre rigueur, pédagogie et patience. On rigole avec eux, on crée des liens, ils sont presque plus heureux que nous une fois le permis validé… Mais entre deux demi-tours ratés, on s’est demandé : qu’est-ce qu’ils pensent vraiment de leurs élèves et de leur façon de se comporter quand ils apprennent à piloter ? 🤫
On est allé à la rencontre de Benoît et de Christophe, moniteurs à l’ECF Sept-Deniers, à côté de Toulouse et on leur a posé les 10 questions qu’on n’aurait pas osé poser à l’époque où nous passions nous-mêmes le permis moto…
D’ailleurs si tu es en train de passer le permis moto, sache qu’on va bientôt faire gagner un starter pack du motard… Casque, gants, chaussures, vestes : tu auras tout ce qu’il faut pour affronter sereinement tes premiers km. On t’en dit plus très bientôt 🤫

Quand vous repensez à vos premiers élèves, est-ce qu’il y a un truc que vous faisiez à l’époque et que vous ne feriez plus aujourd’hui ?
Benoît : Clairement, oui. On était jeunes, un peu trop optimistes. On faisait confiance trop vite, on n’ajoutait pas assez d’heures à certains élèves parce qu’on voulait croire en eux avec un peu trop d’optimisme, ou parce qu’ils disaient qu’ils n’avaient pas les moyens. Résultat ? On les envoyait à l’échec.
Christophe : Maintenant, on est plus francs, plus cadrés. Si le niveau n’est pas bon, on le dit. Mieux vaut une discussion ferme tout de suite qu’un échec à l’examen. Et puis on appuie beaucoup plus sur la sécurité. On est devenus plus réalistes, mais aussi meilleurs pédagogues.
Vous pensez que le plateau apprend à piloter… ou à passer un examen ?
Christophe : Le plateau, c’est juste un point de départ. Ça t’apprend à maîtriser une moto, pas à devenir un motard.
En revanche, on entend souvent : ‘le plateau, c’est du par cœur’. Pas chez ECF. On apprend aux élèves à conduire pour de vrai, à comprendre ce qu’ils font. Si tu sais piloter proprement, le plateau devient une formalité. Et après, il faut continuer à se former. Parce qu’avoir le permis, c’est pas être motard. Le bon motard, c’est pas celui qui va le plus vite — c’est celui qui rentre chez lui.
Quel est le premier mauvais réflexe que les jeunes motards développent après le permis ?
Benoît : Suivre les copains. Clairement. Ils partent en balade, veulent pas se faire larguer, ils accélèrent, prennent le rythme des autres, et ça finit mal.
Christophe : Le combo classique : vitesse + ego + manque d’expérience. Les filles, d’ailleurs, tombent moins souvent dans ce piège. Elles sont plus prudentes, plus à l’écoute de leurs limites. Les mecs, eux, se sentent vite invincibles… jusqu’à ce que la gravité leur rappelle que non.
Il y a des astuces que vous donnez officiellement… et d’autres que vous glissez officieusement ?
Benoît : Oui, mais pas du genre triche. Par exemple, on montre à la fin de la formation qu’on a le droit de poser un pied au plateau. Beaucoup stressent, pensent qu’un pied posé = éliminé.
Donc on le montre, exprès, pour dédramatiser. On leur dit : c’est pas un concours, c’est un examen.
Pareil pour le freinage : à l’examen, t’as le droit de bloquer un peu, c’est pas éliminatoire. En vrai, sur la route, c’est pas propre techniquement, mais le jour J, c’est pas grave. On veut juste qu’ils comprennent la différence entre la tolérance du permis et la réalité du pilotage.

Tu te souviens d’un élève qui a surpris tout le monde ?
Benoît : Ouais, plein. Souvent ceux qu’on croyait en difficulté.
Il y a des profils discrets, qui doutent d’eux, puis un jour clic, le déclic, tout devient fluide.
Christophe : Et parfois l’inverse : des gens super confiants, persuadés qu’ils vont tout déchirer… et qui explosent en vol dès que ça se corse.
L’humilité, en moto, c’est une compétence à part entière.
(L’humilité, une valeur importante à moto – et dans la vie en général aussi : on vous en parlait justement dans notre article sur les conseils pour passer son permis moto sereinement)
Est-ce qu’il y a un truc que personne ne comprend au début ?
Christophe : Le contre-braquage.
C’est contre-intuitif : pour tourner à droite, faut pousser à droite.
Les automobilistes ont vraiment des difficultés à comprendre ce principe. Alors on leur fait des exos pour sentir la moto.
Benoît : Tant que t’as pas ressenti le contre-braquage dans ton corps, tu peux pas le comprendre. Et ça, c’est souvent le moment où tu passes de conducteur à pilote.
Est-ce qu’il y a des élèves ultra forts au plateau mais paumés sur route (ou l’inverse) ?
Benoît : Oui, mais c’est plus rare qu’on croit.
En général, si t’es bon techniquement au plateau, t’es solide sur route.
Christophe : Le vrai souci, c’est le stress de l’examen. T’as des élèves nickel en leçon qui s’effondrent le jour J, parce qu’ils veulent faire trop bien.
Et d’autres, moins techniques, mais zen, qui passent tranquille. L’état d’esprit joue souvent plus que la technique pure.
Il y a un conseil que tu répètes à chaque fois, mais que personne n’écoute ?
Christophe : Deux, même : le regard… et le volume d’heures.
Le regard, tout le monde sait qu’il faut le lever, mais tout le monde regarde ses pieds. Et c’est pourtant LE truc qui sauve des vies (avec un bon gilet airbag et Liberty Rider aussi 🤫)
Benoît : Et puis le volume d’heures de formation. Les élèves veulent toujours aller vite, faire ‘juste 20 heures’. Mais chacun a son rythme, et nous, on le sait.
On préfère être francs dès le début : si t’as besoin de 30 heures, on te le dira. C’est pas pour faire raquer, c’est pour que tu rentres entier chez toi.
Si tu pouvais inventer une nouvelle épreuve au permis, ce serait quoi ?
Benoît : Un vrai freinage d’urgence.
Pas un exercice préparé où tu sais quand freiner.
Un truc réaliste : t’es en situation, la lumière passe au rouge, faut réagir.
Parce qu’en vrai, les accidents viennent rarement d’une mauvaise manœuvre technique.
Ils viennent d’un mauvais comportement : une seconde d’inattention, un excès de confiance.
On aimerait tester ça : le réflexe humain avant le maniement de la machine.
Pour finir, sans filtre : si tu pouvais dire un seul truc à tes élèves, même si ça pique un peu ?
Christophe : Arrêtez avec les excuses. Quand tu rates un exercice, c’est pas à cause du vent, du soleil ou de l’anniversaire de ta grand-mère. C’est parce que t’as raté, point. Et c’est pas grave.
Mais reconnais-le, corrige, avance. L’inspecteur s’en fout de ta vie, il regarde ta conduite. Et la route, elle, s’en fout encore plus.
✌️✌️✌️
Ces moniteurs ont beau répéter les mêmes gestes mille fois, leur mission va bien plus loin que faire cocher une case “réussi” sur une tablette d’inspecteur.
Ils forment des gens à rester en vie.
Tu l’auras compris (enfin, on espère), ce qui motive les moniteurs de moto-école a bien faire leur boulot, c’est ce crédo :
Un bon motard, c’est pas celui qui va vite.
C’est celui qui rentre chez lui.